mercredi 27 mai 2009

Haino Keiji, comme ça en passant...

Haino Keiji « Tenshi no Gijinka » Tzadik 1995
En deçà, c’est en deçà que surgit la matière sonore de Keiji. Comme ramenée à la surface dans le geste d’improvisation, ici événement au sens premier, cette irréparable déflagration nous prend du dedans et nous change. Rien d’intellectuel, plutôt une manière d’évidence. Les neuf pièces rassemblées sur ce cd (pour percussions et voix essentiellement, quelques cordes aussi) bénéficient d’un traitement sonore particulier, d’une mise en relief habile. Résonateurs et autres procédés de réverbération viennent rendre plus saillants encore ces fragments arrachés de matière brute. On ne saurait parler de ce qui se joue là en termes techniques ou stylistiques : toutes les conventions sont ici toutes ou presque de toute façon dans l’instant momifiées… Et encore et toujours cette voix ! parfois chuchotante (il ne fait pas « que » crier mais crie toujours et encore) et ces mots dont j’ignore le sens mais qui me bouleversent : j’y vois, à tort sans doute, persiste à y voir, une matière d’avant les mots… Musique alors, comme acculée en ses retranchements premiers ou derniers, origine qu’il déroule, qui dérouille, striée, mise à mal, Keiji, tout à la fois en marge et plein fer où la construction impossible pousse.

Note en passant : On peut aussi trouver cela parfaitement vain et ridicule et se gausser sans honte du texte pompier qui en rend compte. On peut aussi chercher (il y en a pas mal vous savez où) des vidéos du bonhomme et tomber à la renverse (si vous me suivez mais rien ne vous empêche d’avoir tort) devant le plus grand performer, yeah fonz in the flinz of zeu night, de l’histoire du rock n roll (avec Sid Vicious il va sans lire).
Enfin pour ceux qui gagnent leur vie à la perdre, quelques disques…
- Knead « 1st » ( avec Haino, le bassiste et le batteur de ses compatriotes de Ruins)
- l’Ensemble du levant (dir. Marc Siffert) « Le Japon dans ta tête c’est la liberté de l’âme »
-Scorch trio (le premier album éponyme sorti en 2002)
- Haino Keiji « Abandon all words at a stroke so that prayer can com spilling »
-Haino Keiji et Tatsuya Yoshida
« New Rap »
jeu : saurez-vous, chers lecteurs, cher plusieurs, trouver le disque beau et rêvé qui se cache dans la liste ci-dessus ?

jeudi 21 mai 2009

Noel Akchoté "Toi-même"

Noël Akchoté « Toi-même »

Rarement disque aura été plus en prise avec la matière brute du quotidien… Ce cd rassemble des moments de musique saisis sur le vif courant 2008. Musique de terrain où les biens pensé, joué ( biens ce que vous voulez) semblent être les dernières préoccupations de cet artiste protée qu’est Noël Akchoté. Ce sentiment de vie, en ses moments les plus simples, apparaît d’emblée avec le morceau « Chez Fernand » et plus loin dans le cocasse et si vrai « Le cul qui fait coucou » mené par le jusqu’au bout du boutisme (sic) performeur Jean Louis Costes. Assez sage finalement sur ce disque, il duettise par deux fois avec Han Bennink figure clé du free jazz européen de ces quarante dernières années.On sait l’intérêt que porte Akchoté à la musique populaire au sens large. Il le prouve une fois encore avec ces versions toutes personnelles de « C’est extra » (Ferré) et d’« Inner city blues » (Marvin Gaye).
S’il est également directeur artistique du projet, il ne se met pas en avant pour autant, c’est pas son genre. Bien plutôt, il soutient, dynamise, met en valeur le propos d’artistes à forte personnalité telle Laetitia Shériff, chanteuse et bassiste sur un troublant et beau duo avec le contrebassiste Brad Jones.
Akchoté se contrefiche du devenir du jazz contemporain comme des étiquettes. Il taille sa route, ouvert à tous les possibles avec le soutien jamais démenti du producteur Stefan Winter. Winter and Winter 2009

mardi 12 mai 2009

Jim Black Alasnoaxis "Houseplant"

Jim Black Alasnoaxis « Houseplant »

Cinquième cd du quartet publié par le label allemand Winter and Winter la présente œuvre fait suite au splendide « Dogs of great indifférence ». Assez peu de nouvelles choses ici finalement sinon la volonté de creuser toujours davantage une identité qu’on sait forte depuis le premier forfait du groupe. Cette alchimie exposée sur leur premier album, disque séminal pour un certain jazz contemporain, paru en 2000, se retrouve ici : entrelacs de lignes mélodiques naïves en apparence sur canevas de rythmiques mouvantes. Est réaffirmée ici cette souplesse dans l’articulation de motifs pop qui marquent durablement l’auditeur, une forme de langueur aussi, fort agréable au demeurant. On a connu cependant la formation plus ouvertement encline à l’expérimentation, d’où l’impression de se trouver face à un disque relativement sage. Demeure encore pourtant le jeu racé et souple du batteur compositeur comme les constructions mélodiques singulièrement décalées de la paire formée par Hilmar Jensson à la guitare et un Chris Speed au saxophone ténor (pas de clarinette sur ce cd) qui porte toujours aussi mal son nom. On soulignera enfin un design encore une fois d’exception due à Yoshitomo Nara qui peut faire croire à une vie encore possible pour l’objet disque. Winter and Winter 2009

Tony Malaby William Parker Nasheet Waits "Tamarino"

Tony Malaby William Parker Nasheet Waits « Tamarino »

Une musique particulièrement jouissive, un engagement total des forces en présence : oui ! le free jazz, c’est possible, encore ! Tony Malaby est sans doute, avec Ellery Eskelin, un des plus fascinant saxophoniste de la scène actuelle. Nasheet Waits fait montre ici une fois de plus d’une science consommée du swing oblique et d’une maîtrise bleuffante des dynamiques (du pianissimo au triple forte et consort !). William Parker impose pour sa part un son charnel, ancré, en dépit d’une justesse souvent approximative (mais qu’importe quand on a des choses à dire). Un trio, superlatif donc, s’offre à vous, qui réussit à faire vivre encore et toujours, de bien belle manière, la formule pourtant éculée sax, contrebasse, batterie. Bref voilà un bel écho contemporain aux grandes réussites du free américain des années 60. Clean Feed 2007

DDJ "DDJ"

DDJ « DDJ »

Quand Tim Berne rencontre Meshuggah, voilà ce qui vient aux oreilles à l’écoute du premier cd du trio parisien. Rêche, sans compromis aucun, la musique proposée n’en est pas moins exigeante... Julien Desprez, jamais démonstratif à la guitare, impose un son très personnel, plus hardcore métal que rock intello, ce qui semble finalement assez rare sur une scène jazz contemporaine encore en pleine Ducretite aiguë ! Si torture (métaphorique il va sans dire) il y a ici, c’est sans la névrose et plus au niveau de la chair, des tripes. Au sax baryton Benjamin Dousteyssier impose un son véritablement monstrueux, un lyrisme d’ écorché vif… La paire marque par la qualité de ses échanges, bien relayée par un batteur apte aux relances les plus osées. Petit bémol cependant : une prod quelque peu faiblarde ne rend pas toujours justice à la musique . Si vous voulez vous faire une idée du trio en live il y a, plus bas sur ce blog, un extrait de leur concert au Baloard. Umlaut 2008

samedi 9 mai 2009

Buffalo Collision "Duck"

Buffalo Collision "Duck"

Voilà un cd étonnant à bien des niveaux… Étonnant de la part d’un Tim Berne qu’on sait d’habitude, non sans lyrisme convulsif, plus enclin aux mathématiques abstraites. Surprenant aussi de la part de Dave King et Ethan Iversson (les 2/ 3 de Bad Plus) qui dilatent ici l’espace plus qu’ils ne le remplissent… Moins étonnant de la part d’Hank Roberts, à l’aise partout semble-t-il…
Petit miracle, le style propre de chaque protagoniste reste, le temps de ces trois longues plages, immédiatement identifiable. Nulle trace de quelque personnalité diluée en ces architectures ouvertes au vide, comme à une profusion qui ne se donnerait pas d’emblée… le sentiment aussi d’être en présence d’espaces habités et non envahis… La réussite de ce projet, bâti sous de « faux prétextes » selon Tim Berne, n’en est que plus criante… Fait assez rare chez Screwgun pour être signalé, la qualité de son est ici au-dessus de tout reproche, en parfaite adéquation avec la matière proposée. Screwgun records 2009

vendredi 8 mai 2009

Haino Keiji and Yoshida Tatsuya « Uhrfasudhasdd »

Haino Keiji and Yoshida Tatsuya « Uhrfasudhasdd »

Paru l’an dernier, cet album est à ma connaissance le second en commun pour ces deux légendes de la musique improvisée (mais pas que) japonaise. Construit sur des bouts d’impros montées et traitées par Tatsuya (architecte des ruines ah ah !) ce disque est fait de 16 courtes pièces d’une sauvagerie sans limite où nombres de styles musicaux sont passés au hachoir numérique. Punk dans l’esprit certes, mais somme toute très élaborée, on tient là une œuvre de premier plan qui mêle de façon inédite et tout à fait personnelle : punk, on l’a dit, mais aussi pop de travers, rock expérimental sauce seventies (de King Crimson à Black Sabbath), musique acoustique intimiste nimbée de références à la musique traditionnelle nipponne. Ce cd me semble au final une pierre angulaire posée sur l’édifice singulier des musiques actuelles qui cherchent, et prouve une fois encore qu’il est vital de tourner ses oreilles vers le Japon. Tzadik 2008

mardi 5 mai 2009

Jonah fait chanter ses vinyls au printemps de bourges

Grand ensemble Koa + Twits

Un commentaire sur le site de l'ADDM34 concernant la soirée qui a réuni le Grand Ensemble du collectif Koa et le quartet de free-noise-jazz issu de Rude Awakening :